rideau damassé = gilet brodé

Les dessous de la mécanique.

Pour un costume de toréador, descendre du grenier un joli rideau damassé de mémé, vieil or de préférence, de ceux dont on pourra surbroder patiemment les volutes mates. Personnellement, l’expérience de la broderie était une première, et sans doute une dernière tant l’affaire est laborieuse, surtout réalisée à la va-comme-je-te-pousse sans tambour à broder et sans parvenir, dans ma hâte, à réaliser de jolis points réguliers. J’ai choisi dans mon capharnaüm un fil contrastant bleu (et un peu de vert pour varier) tout simplement parce que c’est la couleur préférée de ma fille et aussi parce que je n’avais pas envie du traditionnel rouge et or. Pas davantage de rose ou de violet, des couleurs très girly dont raffolent étonnamment les toréros qui s’autorisent des audaces d’un kitsch détonnant. Strass de pacotille cousu à petits points sur les bandes de plastique collant transparent pour assurer la longévité du costume. Soit dit en passant, j’ai failli à ma devise du recyclage absolu et j’ai acheté pour une somme dérisoire cet ornement en pur plastique polluant vraisemblablement fabriqué en Chine…

Pour patronner le costume, je suis partie du gilet sans manches des Intemporels pour enfants taille 10 ans, dont j’ai, pour le cintrer, redessiné les coutures de côté et divisé le dos en trois parties (cf gribouillis ci-dessous).

Je n’ai cousu la doublure (Emmaüs) à petits points qu’après avoir assemblé l’extérieur car je n’ai brodé le tissu qu’une fois la veste montée, histoire d’équilibrer autant que possible mes broderies, si tant est qu’elles méritent le nom prétentieux de broderies ! J’ai d’ailleurs failli par étourderie à la parfaite symétrie du devant. Précision importante : j’ai entoilé l’ensemble du tissu extérieur pour le rigidifier.

Pour les manches amovibles (il en va ainsi des manches des habits de torero, retenues par un simple fil pour permettre les gestes les plus amples face au taureau), j’ai pris les manches de la veste d, taille 12 ans, d’un livre de couture pour gamines : Miss Couture des éditions Hachette loisirs.

Histoire d’optimiser (quel horrible mot) ce déguisement, j’ai cherché à rendre le gilet polyvalent, que la veste de torero se métamorphose à l’envi en simili-boléro de danseuse en tutu ou d’écuyère, ou en gilet de prince charmant. Par conséquent j’ai cousu des velcros sur les coutures d’épaules (et sous les épaulettes) pour alterner épaulettes XXL de toréador ou mini-épaulettes moins typées. J’ai dû ajouter des pressions argentées (assez discrètes ?) sur le gilet pour éviter que les épaulettes de toréador ne rebiquent. Dans les deux cas, j’ai décoré les épaulettes de galons à franges récupérées sur des rideaux (tout tout tout se récupère).

Pour l’instant, j’attache les manches avec une épingle à nourrice mais je vais coudre une grosse pression invisible sous la couture d’épaule. Du reste, la photo ci-dessus a été prise avant la couture des pressions sous les épaulettes XXL et ça tombe désormais plus joliment.

Que dire d’autre sinon que je me suis assurée au fur et à mesure que le costume était à la taille de la cadette en le lui faisant essayer les yeux bandés (pour ajuster la longueur du buste ou des manches, vérifier la carrure ou m’assurer que la veste était assez cintrée). Elle s’est prêtée au jeu avec une vraie jubilation, toute à la joie de savourer d’avance la surprise de Noël. Elle n’a pas deviné de quoi il s’agit.